Meeting des Jeunes Écologistes

Publié le 14 avr. 2024, avec Marie Toussaint

On n’imagine pas ce qu’est avoir 20 ans en 2024.

C'est grandir avec le fardeau légué par les générations précédentes, qui on tant promis et si peu achevé.

C'est osciller entre l'espoir que les choses peuvent changer si on empoigne l'existence, et le sentiment que tout est déjà joué, déjà écrit, déjà foutu.

Avoir 20 ans en 2024 c'est avoir été enfermé par une crise sanitaire qui aurait pu être évitée si la santé globale était une priorité et si on comprenait que notre santé dépend aussi de celle de l'environnement.

C'est être heurté de plein fouet par le dérèglement climatique, et de réaliser qu’en plein milieu du gué que les gouvernements baissent les bras.

C'est aussi voir la démocratie abîmée, voir la guerre à nos portes, et regarder impuissant l'engrenage fou qui depuis la tragédie du 7 octobre embrase un coin du monde mais engage notre avenir commun.

Je sais que la jeunesse du monde demande un cessez le feu à GAZA et la libération des otages... et nous portons ces revendications qui sont le seul chemin possible vers la paix.

C'est à la jeune génération que je m'adresse. Demain vous appartient.

C'est un grand plaisir d’être avec vous aujourd’hui, vous dont l’énergie et l’enthousiasme n’ont d’égal que l’irrésistible désir de changer le monde, de transformer l’Europe pour y faire vivre l’écologie et la justice !

Être avec vous, c'est aussi une forme de ressourcement, dans une campagne difficile.

Rien ne nous est épargné, et je savais en m'engageant dans cette campagne que ce serait le cas.

Chaque erreur nous est comptée au centuple. Dans les jours et semaines à venir, nous avons donc un devoir d'excellence, pour sortir de la mauvaise passe que nous traversons.

Et j'ai un plan. Il tient en trois mots.

Humilité, lucidité, combativité.

Tout commence par l'humilité de reconnaître que notre début de campagne n'a pas rencontré l'adhésion populaire. Il nous faut continuer à être présents sur le terrain, partout où les gens souffrent des injustices sociales et des conséquences dramatiques du dérèglement climatique.

Loin des caricatures qui opposent fin du monde et fin du mois et nous campent en bobos déconnectés, je veux dire ici que nous n'avons aucune leçon de conscience sociale à prendre de quiconque.

J'ajoute les amis, dans notre lutte la solution viendra d'en bas: nous n'avons pas la puissance de médias cajoleurs pour diffuser notre récit. Ne comptons que sur nos propres forces. Déployons-nous, multiplions-nous et dépassons-nous.

Vient ensuite le devoir de lucidité,  pour caractériser le moment politique que nous vivons:

celui du grand recul écologique.

Les avancées écologiques que nous avons arrachées, par nos mobilisations, dans les manifestations pour le climat, dans les prétoires des tribunaux, ou dans les hémicycles sont menacées.

A l'instant ou je vous parle, l'extrême droite sourit, goguenarde et arrogante, tandis que l'écologie grimace, partout mise sous le boisseau, partout mise en accusation, partout attaquée comme étant la cause de tous nos maux. Au moment même ou le dérèglement climatique et l'effondrement de la biodiversité s'accélèrent. Nous vivons un grand recul écologique.

En résumé, l'écologie est une vérité qui dérange, et le national populisme est un mensonge qui prospère.

Si Jordan Bardella marche sur les eaux électorales et multiplie les sondages favorables comme d'autres multipliaient les pains, c'est qu'il utilise le moteur à propulsion du ressentiment. Et du ressentiment, notre société en regorge.

Le programme de Bardella: deux tiers de vide, un tiers de haine. Mais ça marche... parce que des années de dépolitisation ont préparé les esprits à se soumettre aux bonimenteurs de bas étage.

Un sourire ultra-brite vaut mieux qu'un programme structuré... Alors face à la simplification permanente qui ne prépare que le désastre démocratique, nous assumons nous autres écologistes de défendre des positions plus complexes. C'est difficile mais il faut le faire , sans céder à la tentation du raccourci.

Oui, le rassemblement national a réussi sa dédiabolisation. Et tout en continuant à surfer sur les eaux saumâtres de l'identitarisme, il fait converger vers lui toutes les colères, toutes les peurs. Et notamment la peur du changement.

Il dit votez pour moi, je vous promets que la France d'autrefois sera la France de toujours.

Il dit qu'il combat le grand remplacement, mais ce qu'il dit moins c'est que sa politique et celle de ses alliés aggraverait le grand dérèglement climatique

Le rassemblement national de Le Pen et Bardella se fiche totalement de l'écologie: ils n'y comprennent rien et jouent juste avec la démagogie contre les normes environnementales qui selon eux enquiquinent tout le monde.

Alors face au grand recul écologique, il faut un grand combat. C'est celui que je vous invite à mener avec nous. C'est la troisième partie de mon plan. La combativité.

Nous allons tenir bon, et aller chercher un bon score avec les dents.

Parce que le climat ne peut souffrir d’attendre 5 ans de plus. Parce que nous ne pouvons plus laisser disparaître les insectes. Parce que les crimes industriels couverts par l’État, comme ceux commis par Nestlé et les sources Alma, doivent désormais cesser.

Quand le dérèglement climatique s’accélère, Emmanuel Macron abandonne les législations pour le climat.

Qui se mobilise? les écologistes.

Quand le vivant disparaît, Emmanuel Macron enterre le plan écophyto.

Qui se mobilise? les écologistes.

Quand les taux de cancer explosent, c’est le représentant d’Emmanuel Macron à Bruxelles, Thierry Breton, qui repousse toute législation visant à réduire l’usage des produits toxiques.

Et qui le combat, une fois encore? les écologistes

Regardons la vérité européenne en face. La majorité politique en place, conservateurs, libéraux et socialistes, viennent de publier leur plan stratégique pour les 5 années à venir. Rien pour le climat, rien pour la santé, rien pour le pouvoir d’achat et la justice sociale !

Alors je vous le dis , méfiez-vous des contrefaçons.

Je le dis sans dureté, mais sans naïveté.

L’écologie, ce n’est pas quelques lignes dans un discours qui permettent de laver plus vert une politique néfaste pour les écosystèmes, le climat, et la santé.

L’écologie, ce ne sont pas les grands mots et le détricotage environnemental de la PAC.

Ce n’est pas le déploiement des méga-camions, les accords de libre-échange, et des règles budgétaires qui entravent l’investissement dans la transition !

Et  l'écologie cela ne peut pas être le soutien à l’autoroute A69.

J’entends celles et ceux qui me disent, Glucksmann c'est pas mal.

Je leur réponds ceci. Le risque c'est de s'endormir le 9 juin en ayant voté Raphaël Glucksmann et de se réveiller le 10 juin avec le retour de François Hollande...

Attention à la publicité mensongère... lisez bien les petits caractères en bas du contrat.

Avec les écologistes au moins, les choses sont claires.

Voter pour nous c'est voter pour une Europe zéro toxique à Bruxelles, comme à l’Assemblée nationale contre les polluants éternels, et comme à Strasbourg avec les paniers d’alimentation 100% saine pour les femmes enceintes.

Pour une Europe du climat, qui vise le 100% renouvelable, reprend en main ses secteurs stratégiques en matière d’énergies fossiles avec un Fonds souverain, se donne les moyens d’agir à travers un ISF climatique. À Bruxelles, comme à Paris et comme à Grenoble où la ville est aux 100% renouvelables !

Pour une Europe de la justice, qui se dote d’un droit de veto social pour que plus jamais les politiques menées par l’Union européenne n’accroisse la pauvreté.

À cet égard, j’ai une bonne nouvelle : nous venons d’interdire dans la loi européenne, grâce à la mobilisation des écologistes, l’interdiction des coupures d’électricité pour les ménages les plus vulnérables !

Cela aussi, nous le faisons à Bruxelles, comme au Sénat en réclamant un revenu d’autonomie pour les jeunes, comme à Lyon ou nous avons rendu les premiers litres d’eau gratuits ! Merci à nos maires qui agissent tous les jours pour que le quotidien de nos villes s'écrive en vert...

Les écologistes sont cohérents.

Pour nous les choses sont simples : nous devons passer d’une économie qui protège à une économie qui répare.

Cela signifie des normes plus ambitieuses, harmonisées par le haut pour éviter la mise en concurrence au sein même de l’Union européenne,

Un grand plan d’investissement pour faire de l’Europe la championne de la dépollution du monde !

Un Pacte pour l’emploi, pour que TOUS les salariés européens soient protégés et accompagnés dans l’impérieuse transition.

Cela veut dire aussi une protection sociale universelle, une couverture santé universelle avec un service public européen du médicament, un ticket climat pour le train en Europe !

Nous sommes les plus cohérents.

Nous, écologistes, ferraillons depuis des décennies pour nous libérer de notre dépendance au gaz russe, contre toutes les autres familles politiques, quand nous nous battons contre le

pétrole du Qatar ou les gazoducs qui iront puiser dans les eaux contestées entre Israël et la Palestine : qui d’autre a un engagement sans faille, sans détour et sans compromission pour la paix ?!

Vous savez, rien n’est impossible à qui sait mener bataille.

Alors oui, la campagne est difficile. J’ai d’ailleurs annoncé depuis longtemps qu’elle ne serait pas un diner de gala.

Mais j’ai l’habitude des combats difficiles, et nous avons l’habitude des combats difficiles !

Quand Noël Mamère a célébré le premier mariage gay, il a bientôt 20 ans, il fut couvert de ridicule mais qui peut dire aujourd’hui qu’il n’avait pas raison ?!

Alors jamais ne baissez la tête. Vous, la jeunesse, êtes les éclaireurs de l'avenir dont la rapacité d'un système capitaliste devenu fou veut vous priver. Vos vies ne sont pas à vendre, vos combats pas à mettre en cage, vos emportements pas à dompter...

Vous jeunes écologistes, êtes les derniers maillons d'une chaîne déjà longue d'insurrection contre la destruction du vivant.

Alors si parfois la fatigue vous étreint et que le désespoir alourdit vos épaules, souvenez-vous de nos victoires.

Karima Delli, qui a fait écater le scandale du DieselGate,

Michèle Rivasi, Michèle Rivasi qui nous manque tant, Michèle Rivasi qui au Parlement européen a mis Monsanto dehors,

Yannick Jadot, qui a mis fin à la pêche électrique en Europe,

Mélanie Vogel, la présidente du Parti Vert Européen, qui a obtenu l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution, et j’en oublie.

C’est l’abnégation, la détermination et la cohérence sans faille des écologistes qui fait notre force !

Chers amis, tous ces combats remportés me donnent de la force. Je suis un enfant de

l'écologie de combat, celle qui ne se contente pas de pérorer dans les salons, mais qui tous

les jours protège le vivant.

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En 2018, on me disait qu’il était impossible de faire condamner l'État français pour inaction climatique. Je me suis démenée. J’ai été chercher les soutiens, un par un, et nous avons été 2,5 millions à nous engager pour porter et emporter l’affaire du siècle !

En 2019, on nous expliquait que la mobilisation des gilets jaunes contre une taxe carbone injuste était une mobilisation contre le climat, et pourtant, Priscillia Ludosky mène aujourd’hui le combat, avec nous, pour une Europe, plus juste, plus démocratique, et vraiment écologiste.

Et quand d’aucuns voulaient fermer les yeux sur les crimes majeurs qui avaient été commis par l’armée américaine sur les résistants vietnamiens en répandant sur eux l’hyper-toxique agent orange, quand le gouvernement français refuse d’octroyer justice et réparation aux populations de Guadeloupe et de Martinique face au chlordécone, quand Total pense se sortir indemne de sa stratégie climaticide et anti-sociale, nous avons obtenu l’inscription de l’écocide dans le droit européen !

Nous l’avons fait ensemble, sans nous laisser démonter par les lobbies et les officines Personne d’autre, que les écologistes.

Et nous allons continuer.

Alors gardez espoir. Vous êtes la clé de la réussite de notre bataille. Allez dire que les écologistes sont la et que leur détermination ne faiblira pas

Au combat camarades, au combat. Face au grand recul, construisons le grand sursaut !

Au combat Marine. Au combat Amine. Au combat Mélissa. Au combat Abdoulaye.

Au combat les jeunes écologistes ! Allez chercher chaque voix, parce que chaque voix compte...