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Aubervilliers, dimanche 2 juin 2024

Le discours de Marie Toussaint

Merci, mille fois merci à vous d'être ici cet après-midi 

Merci à toi Marine pour ton énergie débordante et ton engagement permanent. Et à  travers Marine, merci à toutes celles et tous ceux parmi vous, si nombreux, si  nombreuses, qui mènent campagne unis, rassemblés, pour envoyer le plus de  députés possibles au Parlement européen ! 

Merci à Yannick, de continuer à tenir bon, pour mener inlassablement les combats  de l’écologie politique. 

Merci Sandrine qui a œuvré à protéger les maisons des Français des fissures d’argile  quand la droite veut les laisser seuls face aux ravages du dérèglement climatique.  

Merci Cyrielle, de ta rigueur, de ta loyauté et de tant d'autres choses. Merci à Éric,  maire pionnier, et artisan sincère de l'union de la gauche et des écologistes, merci  aussi à toutes ces colistières et colistiers qui quelle que soit leur place sur cette liste  ne ménagent guère leurs efforts. 

Et merci à Mélanie. Mélanie, tu nous as rendus fières en obtenant l’inscription du droit  à l’IVG dans la Constitution, comme tu nous rends fières en défendant les droits des  personnes LGBTQI+. 

Merci à toutes celles et tous ceux que je ne nomme pas, mais qui sont le cœur battant  des combats écologistes. 

Il fait bon vous retrouver, il fait beau voir votre détermination. Il est bon de se tenir  à vos côtés pour mener la plus belle et la plus nécessaire des batailles, la bataille  pour la préservation de la vie sur notre planète

Oui nous nous battons pour la survie de l'humanité et du vivant dans son ensemble. 

C'est à cette hauteur que nous plaçons l'ambition de la mission historique qui est  celle des écologistes.  

Voilà ce qui guide nos pas, voilà ce qui gonfle nos cœurs. 

La responsabilité est immense, mais l'instinct qui nous porte décuple notre esprit de  ténacité. 

Souvenez-vous en les jours de spleen comme les soirs de déveine : un feu brule en  nous qui ne s'éteindra pas, parce que notre cause est juste. 

Et le flambeau que vous m'avez confié c'est avec fierté que je le porte, même si sa  flamme vacille face aux vents puissants du national populisme qui balayent notre  continent. 

La flamme vacille mais ne s'éteint pas, comme le roseau plie mais ne rompt pas. Nous ne céderons pas.  

De la déjà longue histoire de l'écologie politique nous avons appris que l'écologie est  un combat qui jamais ne s'achève.  

Il y a dans chaque écologiste un Sisyphe, qui sait comme est grand le risque de voir  retomber le rocher au pied de la montagne. 

Je connais parfaitement ce cycle qui voit l'écologie s'épanouir puis être  désavouée de nouveau. Je savais donc que cette campagne serait ce qu’elle  est. 

On me dit : « Marie tu as du courage de t'être lancée dans cette aventure ». 

Je réponds qu'il n'y a pas de plus grand privilège que d'être en première ligne pour  défendre la justice et le vivant. C'est une responsabilité, une charge, mais c'est avant  toute chose un honneur.  

Nous savons que la lutte pour le climat et la biodiversité est la grande question de  notre temps. Alors pas question pour moi de reculer un seul instant face à la litanie  de mensonges déversés par nos adversaires.  

Ni les moqueries des cyniques, ni l'arrogance des puissants, ni les fadaises sur  l'écologie punitive, ne nous empêcheront de continuer notre chemin.  

Nous ne sommes pas parfaits, mais nous ne baissons pas la tête. 

Parce que nous avons chevillée au corps la fierté de lutter pour la sauvegarde de  l'humanité tout entière. 

Bien sur ce n'est pas tous les jours faciles, et j’enrage chaque fois que je prête le  flanc à la critique parce que je sais que chaque faux pas nous est compté au centuple. 

Je sais, et vous le savez aussi que nos adversaires sont déterminés à nous réduire  au silence, à nous contenir électoralement pour nous confiner politiquement. 

Certains, à gauche, reprennent nos idées sous une version affadie en  prétendant nous aider à sortir du ghetto dans lequel ils rêvent pourtant de  sceller notre incarcération à perpétuité.  

Ils nous expliquent que nous avons fait notre temps et que désormais c'est eux qui  défendent l'écologie. 

Ce n'est ni digne ni honnête. Ce n'est ni vrai ni juste. 

D'autres amies qui nous veulent du bien vont même jusqu’à prétendre sauver les  écologistes en vous priant... de ne pas voter pour les écologistes. 

Avec des amies comme elle, pas besoin d'ennemis.  

Je ne réponds pas en leur tendant l'autre joue, mais en leur disant que la guerre des  gauches est une erreur : demain, nous devrons impérativement nous retrouver. 

Pour cela, il ne suffira pas de dire unité en cherchant surtout à la rendre impossible. Pour réussir il faudra davantage de clarté et moins de brutalité.  

Il ne faudra pas creuser des fossés, ni dresser des murs, mais bâtir des ponts.  

Et je le dis par avance : qui recherche l’hégémonie prend le risque de creuser le  sillon de la défaite.  

Amis écologistes, nous avons le devoir d'être nous-mêmes, sans complexe.  Nous ne sommes pas une force d'appoint. Nous sommes les gardiennes et les  gardiens du vivant. Nous sommes l'espoir d'un monde débarrassé de la folie  productiviste, nous sommes le ferment de l'avenir. 

La droite nous vilipende sans relâche, nous accuse de tous les maux. Nous voilà  taxés d'irréalisme par ceux-là même qui s'assoient sur les rapports  scientifiques, et se cachent la tête dans le sable de leurs mensonges, pour ne pas  regarder la réalité en face. 

Alors oui cette campagne est difficile, mais je n'imaginais rien d'autre.  

Parce que tous les jours au parlement européen, je voyais se contracter l'alliance des  droites et de l'extrême droite contre les écologistes. 

Parce que je voyais se refermer la tenaille du piège politique qui nous oblige à  endosser la défense d'un pacte vert qui n'est pas le nôtre. 

Ce pacte vert nous l'avons défendu, parce que nous l'avons arraché et que chaque  pas est bon à prendre pour sauver le climat. 

Mais un pacte vert conçu par les écologistes aurait été très différent. 

Par son ambition, déjà : nous aurions poussé une refonte générale des politiques  publiques menées en Europe, pas de simples ajustements à la marge. 

Nous aurions lancé un grand plan d’investissements verts. 

Parce que réhausser les ambitions environnementales sans financer la  bifurcation de l’économie, sans faire payer les pollueurs, sans soutenir celles et  ceux qui s’engagent dans la transition, sans redistribuer les richesses n'a pas  de sens. 

Le pacte vert de madame von der Leyen souffre d'un manque crucial : il n'a pas de  contenu social. 

C'est que, la majorité de madame von der Leyen continue à être prisonnière d'un  logiciel ou on pense séparément les enjeux sociaux et les enjeux environnementaux. 

Ce n'est pas faute d'avoir expliqué, session après session, d'avoir martelé débat  après débat que justice sociale et justice environnementale sont les deux faces  d'une même question. 

C'est la raison par exemple pour laquelle depuis des années, avec José Bové que je  salue, puis avec Benoit Biteau, nous demandions une autre Politique Agricole  commune, à la fois plus verte et plus juste, c'est-à-dire qui se préoccupe de fournir  un revenu digne aux agriculteurs qui en ont besoin au lieu de remplir les poches déjà  débordantes de l'agrobusiness. 

Eh bien nous n'avons pas été écoutés : et dans toute l'Europe la colère des  agriculteurs est venue prendre pour objet de fixation les normes environnementales. 

Un coup bas splendide de la part de nos adversaires, qui ont réussi le tour de force  de nous rendre comptables de leurs fautes à eux ! 

Voilà donc comment les petites avancées écologiques que nous avions obtenues se  sont trouvées menacées par une colère qui se trompe d'objet. 

Voilà comment les Verts européens se retrouvent comptables d’un pacte vert  qu’il n’est pas le leur, et voilà comment les autres forces politiques, celles-là  même qui ont voulu cet amas de demi-mesures adossé à une politique injuste,  quittent le navire et rêvent maintenant de nous voir couler avec. 

Je résume : le manque d'empathie sociale de madame von der Leyen et  l'aveuglement de sa majorité ont construit une bombe à retardement. Le détonateur  a été la guerre en Ukraine et l'augmentation du prix des matières premières qui a  entrainé une inflation insupportable pour des millions d'européennes et d'européens. 

Faisant son miel du ressentiment et de la colère, l'extrême droite est venue souffler  sur les braises partout où elle le pouvait, ajoutant une dimension identitaire et  culturelle à la souffrance sociale. 

Voilà le contexte dans lequel nous faisons campagne.  

La droite et l'extrême droite ont fait de l'écologie l'ennemi public numéro un.  Ils dirigent sur nous tous les affluents de la frustration et du ressentiment.  Ils dépeignent l'écologie en passion des élites pour mieux duper le peuple. Dans cette élection ils nous ont déclaré la guerre. 

Je les cite : le 9 juin Marie Toussaint votera pour la décroissance de notre agriculture.  Face à elle, le 9 juin votez pour le RN.  

On ne saurait être plus clair.  

Benoit Biteau, qui lui, a combattu pour une politique agricole commune plus juste  pendant que le RN soutenait un modèle injuste qui détruit des emplois paysans vous  dirait mieux que moi à quel point monsieur Bardella est un menteur. Merci à toi benoit  pour tant et tant de combats. 

J'ai, je le confesse cependant, un point d'accord, un seul, avec monsieur Bardella.  Il concerne l'enjeu de cette élection.  

Le 9 juin, ce sera le pacte vert des écologistes pour une transition juste  socialement, ou le pacte brun, mélange de climato scepticisme assumé et de  fascisme revisité. 

Je pèse mes mots. 

Jordan Bardella, avec ses idées aussi stupides qu'inapplicables, est un fasciste. 

Un fasciste bien coiffé, un fasciste avec des costumes ajustés, mais un fasciste  quand même. 

Jordan Bardella c’est le bain de jouvence du fascisme, le rajeunissement de l'extrême  droite, le lifting des vielles idées qui ont mené l'Europe dans la barbarie nazie et  ressurgissent parce que l'amnésie est la maladie de notre temps.  

Jordan Bardella, ce n'est pas un bras d'honneur au système, c'est le bras tendu  vers le pire. 

Quand monsieur Bardella défend le programme commun de la haine, celui de toute  l'extrême droite européenne, nous autres écologistes défendons le droits des  humbles à disposer des moyens d'une vie digne. 

C'est le sens du droit de veto social que je porte dans cette campagne : garantir  qu'aucune loi ou directive européenne ne vienne aggraver les conditions d'existence  des plus précaires. 

C'est un principe de précaution social que nous exigeons : que chaque mesure fasse  l'objet d'une étude d'impact social, et que si cet impact est défavorable aux plus  pauvres, alors un veto empêche cette mesure de s'appliquer. 

On me dit Madame Toussaint, c'est bien mais les plus pauvres ne votent pas... que  dites-vous aux classes moyennes ?  

J’ai beaucoup de choses à leur dire. À commencer par ceci : tout ce qui améliore la  situation des plus modestes bénéficie à l’ensemble de la société. 

A contrario, tout ce qui les enfonce et accroît leurs souffrances nous entraîne  toutes et tous par le fond. 

Voilà la vérité de la dévastation néolibérale de ces quarante dernières années : ils ont  tapé sur les pauvres… avez-vous l’impression que vous vous êtes enrichi dans  le même temps ? Les seuls qui y ont gagné, ils trônent tout en haut de l’édifice  social.  

Alors, je l'assume, mon écologie se déploie à partir des plus humbles. J'assume ce  que la gauche latino-américaine appelle l'option préférentielle pour les pauvres

J’assume ma lutte contre la pauvreté et contre la pauvrophobie, c'est à dire la peur  des pauvres qui pousse à les discriminer. En particulier, j'en ai assez qu'on accuse  celles et ceux qui n'ont pas accès à des conditions de vies décentes d'être  responsables de la crise écologique. 

Je le dis : nous n'avons pas de leçons d'écologie à donner aux plus pauvres. Au  contraire, ce sont les plus pauvres qui peuvent nous enseigner l'écologie. 

Notre écologie n'est pas en surplomb, elle se construit par en bas, en partant des  conditions sociales vécues par les catégories les plus impactées par l'inflation. Et je  le dis avec force, c'est une honte de vouloir stigmatiser les classes populaires  comme étant anti-écolo

Monsieur Attal, Monsieur Macron croyez-vous que ce soit leur empreinte carbone qui  menace le plus la planète ? Vraiment ?  

Regardez la réalité des chiffres en face, et vous lirez la réalité des inégalités  environnementales : ceux qui polluent le moins sont ceux qui subissent le plus  les méfaits de la pollution. 

Votre imaginaire de classe vous aveugle. 

Celles et ceux que vous désignez comme coupables, sont les premières victimes  de votre inaction écologique. 

Celles et ceux qui pour vous ne sont rien sont tout pour nous. 

Notre désaccord est total avec la politique injuste de Monsieur Attal qui ne cesse de  s'en prendre aux modestes allocations des chômeurs et fait du harcèlement social  une politique d'État. 

Aux classes moyennes que Gabriel Attal prétend choyer avec des arguments qui  opposent les Français entre eux, je dis ceci : votre situation ne s'améliorera pas en  discriminant plus pauvre que vous.  

Le problème ce ne sont pas les allocataires du RSA, le problème c’est la  concentration des richesses.  

Le problème c'est la politique fiscale d'un gouvernement qui exonère les plus  favorisés de leurs responsabilités, et demande à tous les autres de porter le pays  sur leurs épaules.  

Voilà comment nous nous sommes retrouvés avec la révolte des Gilets jaunes qui ont  refusé une taxe carbone injuste. 

Merci à toi Priscillia Ludosky d'avoir initiée cette révolte, de l'avoir rendue possible  avec ta pétition au moment même où nous agissions contre le gouvernement pour  son inaction climatique.  

Et merci à toi de nous avoir rejoint dans cette campagne. 

Nous avons écrit un livre ensemble contre les violences environnementales. Mais les  plus belles pages sont encore à écrire et je souhaite que nous les écrivions demain  ensemble, au Parlement européen, avec toi et avec Amine Kessaci, qui des quartiers  de Marseille est venu ajouter ses combats aux nôtres, avec Melissa qui porte un  féminisme social, avec Madjouline, David, Mounir, avec Caroline, l'infatigable  défenseuse de la condition animale, avec Abdoulaye, bref avec le plus grand nombre  possible d'élues écologistes ! 

  

Parce que, je veux qu'on comprenne bien que ce qui se joue ici ce n'est pas une  simple affaire électorale : ce qui se joue, c'est la possibilité du basculement de  l'Europe vers le pire avenir écologique possible. 

Le risque c'est la grande régression écologique. Le grand recul climatique. La  démolition d'un pacte vert déjà si fragile. Les digues commencent déjà à céder. Ils  reviennent déjà sur les textes écologiques pourtant si nécessaires. 

N'écoutez pas les démagogues qui présentent l'écologie comme une punition.  

L'écologie est une solution à la destruction du monde et à l'accaparement des  ressources et des richesses par une poignée.  

L’écologie est une alternative à cette société de surconsommation qui brule toujours  plus de carbone et génère toujours plus de toxiques, pour produire toujours plus de  gaspillage et de misère. 

L'écologie c'est l'affaire du siècle. 

L'écologie c'est ce qui sauve, ce qui répare, ce qui préserve. 

L'écologie c'est la douceur du soin contre la violence de la destruction. 

L'écologie c'est non seulement le pouvoir de vivre, mais c'est également le pouvoir  de vivre mieux. 

Voilà pourquoi nous avons proposé que l'objectif de pleine santé pour toutes et tous  guide les politiques publiques européennes. La santé de nos concitoyennes et de nos  concitoyens est un bien meilleur indice de l'état de notre pays que le PIB.  

La santé environnementale est une priorité. 

Nous demandons que davantage d'études indépendantes soient menées et nous  demandons qu'une fois menées ces études ne soient pas mises au placard, mais que  ces études soient écoutées, et inspirent un nouvel âge des politiques sanitaires. 

Monsieur Macron, et madame von der Leyen, arrêtez d'écouter la voix des lobbies  : leurs bouches mentent, et en mentant, leurs voix tuent. 

Entendez plutôt nos alarmes. 

Arrêtez de différer la sortie des pesticides, arrêtez de différer la sortie des  toxiques, et arrêtez d'amoindrir les propositions de loi écologistes comme celle  contre les polluants éternels, que nous avons réussi à faire adopter malgré toute la  volonté du gouvernement d'Emmanuel Macron. 

Nous marchons en tête quand il s'agit de protéger la santé du plus grand nombre. 

Alors oui, beaucoup disent être devenus écologistes : mais je vous le dis, ils sont  encore loin du compte. Je le répète et je le martèle à cette tribune : il n'y aura pas  d'écologie sans les écologistes. 

C'est vrai en France, et c'est vrai en Europe. 

Voilà pourquoi il faut envoyer au Parlement européen le plus de députés écologistes possibles. Ce faisant vous ne voterez pas que pour votre destin mais aussi pour  le destin de la planète.  

Faire le choix de l'écologie, c'est faire le choix de la solidarité internationale  comme horizon de paix. Nous le disons depuis longtemps, notre dépendance aux  énergies fossiles ajoute aux désordres du monde. 

Depuis des années les écologistes disaient qu'il fallait s'affranchir de la Russie de  Poutine. L'indifférence et le cynisme l'ont emporté. Voyez où nous mène la guerre en  Ukraine et ses conséquences en cascade. Je redis ici notre soutien à l'Ukraine  meurtrie. Je redis que l'Ukraine ne doit pas tomber et je redis que l'addiction aux  fossiles est une menace pour notre sécurité.  

Arrêtons de financer l'effort de guerre russe par nos importations. Nous l'avons  répété, et répété. Nous n'avons pas été entendus.  

Comme nous n'avons pas été entendus lorsque nous avons exigé de ne pas  cautionner le sinistre régime de Bakou dans ses exactions contre l'Arménie, Arménie  martyre encore une fois trahie par l'Europe qui la regarde être spoliée et agressée  sans mot dire, et préfère passer des deals avec l'Azerbaïdjan.  

L'écologie politique est la première à avoir compris l'impact des ressources sur  les enjeux géopolitiques. Les questions écologiques et les matières premières  conditionnent aussi l'avenir de la paix sur la planète. 

Disant cela, je pense aussi au drame invisible du Congo. Ou plutôt je devrais parler  de drame invisibilisé puisque les victimes de ce conflit qui dure depuis si longtemps  n'intéressent guère personne. 

Lors d'un débat télévisé, Marion Maréchal-Le Pen a eu le toupet de se présenter en  défenseuse des enfants congolais utilisés pour l'extraction du cobalt… 

Je pourrais le prendre à la plaisanterie et me contenter de lui répondre que c'est bien  la première fois qu'on entend une Le Pen défendre les Africains.  

Mais je veux lui dire ceci : depuis toujours les écologistes ont une vision  planétaire de la solidarité internationale. Et contrairement à la droite et à l'extrême  droite, nous ne voyons pas l'Afrique comme un continent à exploiter mais  comme un continent frère avec lequel il faut désormais traiter d'égal à égal.  

Nous savons les liens qui nous lient. 

Nous connaissons l'abjecte ponction de la traite négrière qui a laissé un sillage de  désolation. Nous connaissons les vies perdues, les vies noyées de la jeunesse  africaine en Méditerranée. 

Alors nous voulons d'autres rapports entre l'Europe et l'Afrique, plus solidaires, plus  égalitaires, plus fraternels.  

Et ce que nous disons vaut d'abord pour la France. Depuis toujours nous défendons  la fin de la Françafrique. Et je salue ici, les combats sur ce sujet de Noël Mamère ou  d'Eva Joly qui nous ont tant apporté. 

Nous savons comment Total a joué un rôle néfaste pour ce continent dont  monsieur Pouyanné veut encore piller les ressources pétrolières avec son projet  EACOP contraire aux droits humains et à la préservation de la planète. 

L'Afrique compte ; les vies africaines comptent. Car pour nous toutes les vies pèsent  du même poids. 

Le réaffirmer dans le moment que nous vivons est primordial, car en de nombreux  pays la guerre est la triste grammaire du monde, qui fait pleuvoir les morts. En  Ukraine, où notre devoir impérieux, est de tout faire pour que jamais Poutine ne  triomphe, et au Moyen-Orient où la France et l'Europe doivent agir pour la paix

Depuis les attaques terroristes du 7 octobre nous vivons un interminable cauchemar. 

Chaque jour un nouveau palier est franchi. L'extrême droite de Netanyahou empêche  la sécurité des Israéliens et massacre les Palestiniens. Gaza est devenu le cœur de  la souffrance du monde, l'épicentre des injustices, le symbole de tous les  écrasements, de toutes les humiliations. 

Notre position n'a pas varié : nous demandons la libération des otages, nous  demandons un cessez le feu immédiat, nous demandons une solution à deux États  et donc la reconnaissance de l'État palestinien.  

Nous demandons la paix, maintenant.  

Et nous demandons la justice maintenant, sous toutes les latitudes. 

Je veux saluer, ici, d'un mot, les femmes d'Iran et d'Afghanistan, pour saluer à  travers elle toutes les femmes en lutte pour leur dignité, en lutte pour leur liberté,  en lutte simplement, trop souvent pour leur survie. 

Je vous salue toutes et reprends le magnifique slogan des femmes d'Iran. Femmes, vie, liberté. 

Notre vison est planétaire.  

Quand nous défendons l'Europe, nous défendons une Europe qui, forte de son  histoire, agit dans le monde non pas en conquérante mais en actrice souveraine  du rééquilibrage du monde face à la Chine, aux États-Unis, et à la Russie. 

Nous voulons une Europe qui, pour se donner les moyens de sa politique se dote de  ressources propres, assume un saut fédéral pour construire l'État-providence écologique européen capable de protéger nos populations des inégalités et du  dérèglement climatique. 

Nous ne mettons notre ambition européenne dans notre poche parce que le vent  mauvais du national-populisme souffle sur le continent. 

Nous sommes les plus européens, et les plus fédéralistes. Et pour cette raison  encore, l'Europe a besoin de nous. Et moi, j'ai besoin de vous. 

Besoin que vos voix amplifiées par notre unité et notre détermination soient la caisse  de résonnance de la transformation écologique de notre continent. 

Amies écologistes, répandez-vous, dépassez-vous, multipliez-vous et forcez  ainsi les portes du destin électoral.  

Grâce à vous, nous allons réussir.  

Grace à vous toutes et vous tous qui savez ce que pèse un ou une députée  écologiste dans la balance européenne, nous allons réussir. 

Face aux lobbies, face aux pollueurs, face aux destructeurs des écosystèmes,  nous allons réussir. 

Face à ceux qui harcèlent les étrangers, face à ceux qui écrasent les pauvres,  

Face à ceux pour qui les femmes ne devraient avoir ni le droit de maitriser leur  vie ni leur corps, nous allons réussir. 

Parce que sur tous ces fronts, la présence des députés écologistes est indispensable. 

Vous l'avez compris, je finis ce discours par là ou j'ai commencé : en vous appelant  à la mobilisation. 

Il nous reste une semaine.  

Ensemble, faisons de cette fin de campagne une épiphanie : faites entendre la voix  de l'écologie dans tout le pays.  

Au-delà des murs de cette salle, je m'adresse aux Françaises et aux Français de toute  générations et de toutes conditions. 

Vous qui pensez que l'écologie est un sujet qui compte, vous qui savez que  l'écologie est une vérité qui dérange, empoignez cette élection et déjouez les  pronostics. 

J’en appelle à votre mobilisation.  

J'ai besoin de vous, l'écologie a besoin de vous

Votez pour les écologistes. Votez pour celles et ceux qui ne lâcheront rien. 

Votez pour les écologistes et donnez-nous la force de changer l'Europe, donnez nous la force de changer le cours de l'histoire.

Le 9 juin, pour l'Europe, pour l’écologie, pour nos vies, votez Europe Écologie.