Edito #10
Écologie, économie, même combat !
Publié le 27 mai 2024
Vous l’avez probablement remarqué au fil des débats qui ont ponctué cette campagne des européennes : si tout va mal, la faute en incombe à l’écologie. C’est ce que répètent en boucle les représentants de la droite – conservateurs et libéraux – et de l'extrême droite du matin au soir, du soir au matin : les « normes environnementales » nous empêchent de retrouver le chemin de la croissance, il faut « libérer les énergies », en finir avec l’ « écologie punitive » et toute la collection de lieux communs qui s’ensuivent...
Opposer économie et écologie : voilà sans doute l’expression de la paresse intellectuelle la plus indigente. Car il ne se passe pas une semaine sans qu’une nouvelle étude pointant les effets désastreux du réchauffement climatique, de la pollution du sol, de l’eau et de l’air ou encore de la perte de la biodiversité sur l’économie.
Dernier exemple en date ? Une étude menée par une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique et d’économistes de la Banque centrale européenne ( commentée plus en détails dans le Monde au sein d’une chronique de Stéphane Foucart).
La conclusion ? Il existe une corrélation entre dérèglement climatique et inflation. Selon les auteurs, d’ici 2035, le réchauffement pourrait provoquer l’élévation des prix à la consommation de 0,3 à 1,2 point annuel. Pire : sur la même période, si l’on se concentre sur les seules denrées alimentaires, l’inflation pourrait grimper de 1 à 3,2 points par an.
Autrement dit, la politique monétaire de la zone euro devrait intégrer la question environnementale au plus vite : même sans changer une ligne au mandat de la BCE, il est peu probable que cette dernière puisse tenir son objectif d’inflation dans un monde qui se réchauffe à grande vitesse…
À vouloir sauver l’économie en sacrifiant le climat, nous n’aurons à la fin ni l’une, ni l’autre.