Edito #5
L’Europe au point de bascule

Publié le 3 mai 2024

«Ouvrir une mine de charbon, c’est sauver des vies ». 

Voilà le genre de bêtises que l’une des figures du climatoscepticisme en France affirmait fièrement sur le plateau de Complément d’enquête hier soir sur France 2. Il y a quelque chose de risible – et en toute honnêteté, d’assez triste – dans le spectacle que nous donne une poignée de vieux messieurs en quête d’attention, qui pensent à eux seuls pouvoir remettre en cause le consensus scientifique quand ils confondent corrélation et causalité, météo climat, événements exceptionnels et nouveau régime climatique…

Voilà des gens qui se revendiquent du doute cartésien, mais qui ont visiblement oublié depuis très longtemps que dans la pensée de Descartes, le doute méthodologique est un point de départ, et que c’est la science et la connaissance, justement, qui constituent le point d’arrivée. Il est de toute façon peu probable que la philosophie dissipe un aveuglement que vingt-cinq ans de rapports du GIEC n’ont pas pu entamer.

La moquerie est tentante. Pourtant, il n’y a vraiment pas de quoi rire. Car tout cela est grave. Le climatoscepticisme n’est pas une maladie sénile ni une dérive individuelle : c’est un système de désinformation de masse piloté par les géants des industries fossiles.

Le climatosceptcisme, c’est la parole des scientifiques bafouée et décrédibilisée depuis des décennies.

Le climatoscepticisme, c’est le harcèlement et l’intimidation des scientifiques – climatologues en première ligne – qui s’opère au grand jour au travers de la caisse de résonance des réseaux sociaux.

Le climatoscepticisme, ce sont des faux experts et des think tanks corrompus financés à millions par l’industrie pétro-gazière.

Le climatoscepticisme, ce sont des lobbyistes qui traversent l’Atlantique pour prêcher des mensonges auprès de parlementaires européens d’extrême droite qui les accueillent à bras ouverts.

La coalition des fossiles nous a déclaré la guerre. Le climatoscepticisme, c’est son brouillard de guerre ; la désinformation, c’est son arme de destruction massive. 

Nous devons nous battre. Le Parlement européen est l’un des lieux de cette bataille. C’est pour cette raison que nous, écologistes, proposons de reprendre en main les entreprises fossiles européennes par le biais d’un fonds de souveraineté écologique européen. C’est encore pour cette raison que nous voulons une grande loi de séparation des lobbies et des institutions européennes.

La nébuleuse climatosceptique est la base arrière de la grande régression écologique, sociale et démocratique qui vient.

Le 9 juin prochain, nous avons une chance d’enrayer cette machine infernale. Ne la ratons pas.