Voir aussi nos mesures partie VI.C. Garantir le droit de vivre en bonne santé en Europe.
Chaque nouvelle contamination de nos réseaux d’eau, de nos aliments, de
nos produits fondamentaux du quotidien, de notre air ou encore des
écosystèmes qui nous entourent, est emblématique d’une convergence des
atteintes portées à l'environnement et aux individus, avec une indéniable
dimension sociale. Il est grand temps de sortir d'un modèle qui pollue,
ravage le présent et empoisonne l'avenir.
Nous, Écologistes, voulons qu’un nouveau paradigme s’impose où le
bien commun et le respect du vivant seraient le fil conducteur des
activités industrielles. Où avoir un environnement sain est un droit, où
pouvoir grandir, enfanter, manger, travailler, se divertir, sont garantis
sans que notre santé ne soit mise en danger.
À travers nos ambitions pour l’agriculture, nous projetons déjà d’assainir
notre alimentation, nos eaux et nos sols en la débarrassant d’une
pollution massive, celle due aux pesticides, engrais de synthèse et
traitements antimicrobiens mal ou trop utilisés, qui ne font que renforcer
la résistance aux parasites et maladies.
Mais il nous faut aussi agir sur les autres secteurs d’émission et faire
disparaître les toxiques présents dans les chaînes de production, diminuer
les déchets que nous produisons, nettoyer l’environnement déjà pollué et
enfin reconnaître et indemniser les dommages qui auront été commis sur la
planète et sur notre santé.
Plastique, nanoparticules, produits chimiques, pesticides toxiques et
perturbateurs endocriniens s’insèrent partout, jusque dans les cordons
ombilicaux de nos bébés et dans le lait qui les nourrit.
Les combats à mener
lors de la prochaine mandature 👇
Reconnaître et mettre en place des réparations pour les victimes des
produits toxiques
Tout est dans l’appellation. Les substances “toxiques”, quand nous y
sommes exposé·e·s à long terme, ont des conséquences multiples mais
immanquablement délétères sur notre santé : augmentation des risques de
cancers et accidents vasculaires cérébraux, troubles neurologiques, de la
fertilité, du développement… la liste pourrait être encore longue.
Force de notre résignation ; de la récurrence de ces maladies est presque
née une accoutumance. Et pourtant ces mises en danger, ces atteintes à
notre droit de vivre n’ont rien de fataliste ni de naturel. Les troubles
de la santé se systématisent et se démultiplient à cause des expositions
quotidiennes qui nous sont imposées.
A travers les mesures suivantes, les Écologistes proposent donc des
améliorations dans la reconnaissance, la responsabilisation et la prise en
charge des conséquences sur nos corps et sur l’environnement, des
pollutions du passé et du présent.
Nos mesures :
-
Faire reconnaître par la loi que certaines maladies peuvent avoir eu
pour cause l’exposition à des substances toxiques, comme le chlordécone, le glyphosate, les perturbateurs endocriniens,
les pesticides, etc.
-
Reconnaître et aider la reconnaissance des maladies
professionnelles
liées à ces expositions dans le cadre du travail : respirations de
poussières dans le secteur du bâtiment ; exposition sur des chaînes de
production avec des PFAS ; utilisation de pesticides par des usages
agricoles et non-agricoles, etc. Nous demandons la désignation des
responsabilités de l’employeur·euse.
-
Créer un fonds de réparation des victimes de la civilisation des
toxiques. Grâce à la reconnaissance préalable des conséquences de l’exposition
aux toxiques, une indemnisation des victimes est rendue possible.
-
Reconnaître dans le droit communautaire le racisme environnemental, ses causes et ses conséquences. Ce texte doit permettre aux
populations, telles que les victimes du chlordécone en Martinique et en
Guadeloupe ou les communautés des Gens du Voyage, de poursuivre des
entreprises, administrations et États sur ce motif et l’instauration
d’un principe de précaution européen. Le statut de “victime de racisme
environnemental” ouvre un droit à la compensation morale et financière
pour les victimes reconnues.
-
Exiger un étiquetage systématique et élargi des toxiques
pour donner le pouvoir aux consommateurs et consommatrices.
-
Prendre en compte les effets cocktails des substances chimiques ainsi
que les perturbateurs endocriniens, qui ont des effets sur la fertilité, la croissance, l’équilibre
hormonal, etc.
Interdire les produits toxiques dangereux
Au cours de la mandature précédente, la révision du règlement REACH
promise par Ursula Von der Leyen a été abandonnée sous la pression des
lobbies de l’industrie chimique et sous le fléchissement de certains
politiques comme Thierry Breton, le commissaire au marché intérieur.
Pourtant, REACH (Enregistrement, évaluation et autorisation des produits
chimiques) n’a pas été révisé depuis 2006 et contient de nombreuses
lacunes à l’origine de la dispersion massive des toxiques dans notre
quotidien et notre environnement.
Alors que les scientifiques alertent sur la dangerosité de nombreuses
substances, nous devons aligner les législations avec les recommandations
sanitaires et interdire les produits les plus néfastes.
Nos mesures :
-
Bannir de facto les substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR), les perturbateurs endocriniens (PE) les substances persistantes, bioaccumulables et toxiques (PBT) mais aussi les neurotoxiques, immunotoxiques ou toxiques pour un organe spécifique,des
produits de notre quotidien, grâce à une extension de l'approche générique de gestion des risques (GRA) : cosmétiques, protections hygiéniques, alimentation, produits de bricolage, etc.
-
Garantir l’indépendance des agences d’évaluation des dangers des
substances chimiques.
Favoriser la mise en lien des travaux des différentes agences
nationales, augmenter les moyens des agences pour mener leurs propres
recherches, réformer les méthodes d'évaluation de l'EFSA pour qu'elles
prennent en compte les données de la recherche dans leur ensemble et non
seulement celles fournies par les industriels.
-
Réviser le règlement REACH pour accélérer la sortie des toxiques :
- Accélérer l'évaluation des substances, notamment en la généralisant aux familles et non plus au cas par cas ;
- Renforcer les contrôles des dossiers d'enregistrement de substances et les contrôles a posteriori. Le principe de précaution doit être assuré, pour refuser la commercialisation d'un produit quand ses effets ne sont pas suffisamment connus : c'est l'approche "pas de données, pas de marché" ;
-
Prendre en compte l’effet cocktail dans l’évaluation des
risques, c'est-à-dire notre exposition simultanée à une multitude de
substances dont les effets se renforcent entre eux ;
-
Interdire l’ensemble de la famille des PFAS : les substances per- et
polyfluoroalkylées, appelées aussi “polluants éternels” car ils ne se
dégradent et ne disparaissent pas naturellement. Utilisés dans énormément d’objets de notre quotidien pour leurs
propriétés anti-adhésives, anti-tâches, résistantes à l’eau et à la
chaleur ; ces substances artificielles ne se dégradent pas et
s’accumulent dans l’environnement puis dans nos corps et doivent donc
urgemment cesser d’être produites.
-
Sortir les produits toxiques du textile.
Ces substances chimiques qui servent à colorer, délaver, assouplir ou
renforcer la résistance des tissus, constituent une double pollution. Au
moment de la fabrication, de nombreux rejets finissent directement dans
l’environnement et lorsque nous les portons des résidus finissent dans
nos corps, à cause du contact avec notre peau. Pour cela, favoriser la
production locale et propre, soumise aux normes européennes.
-
Interdire les exportations des pesticides et produits dangereux hors
de l’Europe. Ce que nous ne voulons pas chez nous ne doit pas être un business à
destination d’autres parties du monde. En miroir, renforcer les clauses
pour éviter l’importation de produits contenant ou traités avec des
produits interdits dans l’Union européenne (cf II.D.2. Protectionnisme vert).
Une politique industrielle de la dépollution
Une prise en charge des pollutions déjà émises est nécessaire, mais nous
ne pouvons pas uniquement réparer, nous devons aussi couper les vannes de
la production des toxiques : plutôt que de continuellement investir dans
la réparation des dégâts, investissons dans leur évitement.
Sortir de la civilisation des toxiques ne sera pas une mince affaire. Ils
sont partout et s’en passer requiert une transition industrielle majeure,
qui nécessitera un investissement conséquent, aux fins notamment de
préserver l’activité et l’emploi sur les territoires. Elle doit être
conduite avec l’appui des scientifiques, et la participation pleine et
entière des parties prenantes. Le fonds de transition juste mis en place
sous la précédente mandature afin de sortir les territoires du charbon et
du pétrole doit servir d’exemple pour construire un fonds de sortie de la
civilisation des toxiques à l’implication citoyenne accrue.
Nos mesures :
-
Créer un fonds territorial de sortie des toxiques sur le modèle du fonds de transition juste. Il soutiendra les
territoires et entreprises dans la reconversion, la diversification
économique ou la transition vers des productions sans toxiques
(recherche, formation des employé·e·s, transformation des matériels et des
installations existantes). Il subventionnera aussi les programmes d’aide
à la recherche d’emploi et à la reconversion professionnelle pour les
ancien·ne·s travailleur·euse·s du secteur.
-
Élaborer un plan d’investissement dans la dépollution des zones
industrielles et minières et des milieux, notamment aquatiques.
-
Cette dépollution sera financée sur le principe du
pollueur-payeur,
engageant la responsabilité financière de celles et ceux ayant provoqué cette
pollution ;
-
Elle nécessitera aussi la mobilisation d’un fonds européen, pour
prendre en charge les pollutions dites “orphelines” (cf III.A.1.
Un nouveau régime juridique pour le vivant) ;
-
Faire de l’Europe le leader de la dépollution du monde. Entre la
progressive disparition de nos productions de plastique,
l’investissement dans le nettoyage de nos milieux et le développement
d’alternatives, l’Europe peut montrer le chemin et se positionner comme
leader dans le domaine.
-
Investir dans la recherche en chimie et les alternatives aux toxiques
: pesticides, PFAS, conservateurs pour cosmétiques, plastiques, etc. Pour certaines utilisations, des substances de remplacement sont déjà
connues, les autres doivent faire l’objet d’investissements pour être
développées de manière encadrée pour prévenir les potentiels nouveaux
impacts.
Pour des sols et territoires sains !
Nos sols sont intoxiqués de toutes parts. Rien que par les PFAS
-dits “polluants
éternels” car ils ne se dégradent pas naturellement - 17 000 sites sont
contaminés à travers l’Europe et plus de 20 000 sont présumés l’être.
D’après des chiffres 2020 de l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE),
toutes pollutions confondues, il y aurait 2,8 millions de sites
potentiellement contaminés à travers l’Europe, principalement par
l'activité industrielle et l'élimination des déchets.
Le principe pollueur-payeur est mis sous pression de cette immense
quantité de toxiques répandus partout, pendant si longtemps : les sommes
nécessaires sont tellement élevées que nous ne pouvons demander aux
pollueurs de tout payer sous peine de leur mettre la clef sous la porte.
D’autres dispositions doivent être trouvées pour les pollutions passées,
quand la responsabilité doit être une obligation pour les pollutions à
venir.
Or, les États Membres se refusent toujours à agir et là encore la
Commission n’a su proposer qu’une surveillance commune de l’état des sols
européens. La France en particulier résiste depuis des décennies, requiert
aujourd’hui des limitations des points de surveillance des sols et des
exceptions pour les Outre-mer. Ce statu quo n’est pas acceptable quand on
sait à quel point le chlordécone, l’orpaillage en Guyane, ou le nickel en
Nouvelle Calédonie, dégradent la qualité des sols et des eaux et impactent
notre santé.
Nos mesures :
-
Garantir que les territoires ultra-marins soient concernés par la
directive d’observation de la pollution des sols, visant à atteindre
l’objectif Zéro pollution d’ici 2050.
-
Établir des valeurs limites ambitieuses dans les eaux et les sols
pour chaque substance dangereuse recensée par l’ECHA, avec des seuils
fixés sur les recommandations scientifiques et sanitaires.
-
Élargir et généraliser des contrôles réguliers dans les milieux,
sur la base d’une nouvelle liste complétée des substances dangereuses et
prioritaires.
-
Mettre en place un plan de recensement de tous les sites pollués
à travers l’Europe d’ici 2030, adossée à une estimation des montants et
une stratégie coordonnée par les États membres et collectivités pour
engager la dépollution.
-
Inclure des mesures sur les terres excavées dans la loi à venir sur
la santé des sols, pour améliorer le traitement de ce qui constitue la première catégorie
de déchets de l’Europe en termes de volumes. Prévoir un tri plus
rigoureux pour réutiliser et optimiser les terres non polluées et
traiter plus sûrement celles qui le sont.
Sortir du plastique et débarrasser l’environnement de ses déchets
Hier symbole d’une révolution industrielle, le plastique est aujourd’hui
un poison. Qu’il prenne la forme de résidus micro-plastiques ou de
montagnes de déchets, le plastique est toxique, tout autant pour notre
environnement que pour notre corps.
Chaque année, ce sont presque 26 millions de tonnes de déchets plastiques
qui sont générées à travers l’Europe. Cette pollution est aussi révélatrice
d’un modèle omnipotent, celui où les entreprises fossiles ne dictent pas
seulement notre alimentation en énergie, mais bien nos possibilités de
consommation au quotidien. Le plastique illustre à merveille la continuité
de l’action de ces entreprises, qui polluent tous secteurs
confondus.
Nos mesures :
-
Sortir du plastique en 2050. A cette fin, développer le réemploi
(notamment en fixant un objectif de 50% de réutilisation global du
plastique d’ici 2030), optimiser les matériaux déjà produits et investir
dans les alternatives.
-
Stopper les subventions aux industries pétrochimiques de
matières premières plastiques dès 2030 ;
-
Adopter un moratoire sur la construction de nouvelles installations
ou l’expansion des usines pétrochimiques préexistantes ;
-
Interdire et réduire de manière anticipée, les matières plastiques
les plus problématiques, particulièrement toxiques et non
recyclables. A cette fin, établir une liste sur la base de leurs incidences sur
la santé et l'environnement tout au long de leur cycle de vie ;
-
Lutter contre les microplastiques et biomédias
qui se retrouvent en quantité dans nos corps ou dans l’environnement.
Interdire dès 2040 l’utilisation volontaire de ces substances et
renforcer la prévention contre les pertes et fuites non
intentionnelles ;
-
Débarrasser les océans des 80% de plastiques que constituent les
déchets marins. Il est temps d’agir, enfin, pour libérer les écosystèmes marins de ce
fléau. Soutenir les actions et techniques de dépollution et de nettoyage
de nos eaux.
-
Déployer plus massivement les structures de collecte et de
recyclage.
Reprendre en main les filières de déchets pour ne plus envoyer textiles
et débris plastiques dans la nature à l’autre bout du monde.
-
Mettre en conformité avec le respect des droits humains et avec la
justice sociale et environnementale l’ensemble de la chaîne de valeur du plastique.
Pollution de l’air : pouvoir respirer
Pollution invisible mais peut-être la plus proche de nous, la pollution de
l’air tue chaque année 300 000 personnes à travers l’Europe et reste la
première cause environnementale de décès prématurés. Émissions des moteurs
de nos véhicules, rejets atmosphériques industriels, combustions de nos
chauffages domestiques, évaporation de solvants dans l’air, sont autant de
sources de dégradation de notre environnement.
Alors que le droit à un air propre et sain est prévu par la Charte des
droits fondamentaux de l’Union européenne, cette dernière n’aligne pas
encore ses exigences sur les objectifs qu’elle vise. Rappelons aussi que
la France est elle-même encore en deçà des attentes européennes et a fait
l’objet de plusieurs avertissements et condamnations pour son inaction
contre la pollution de l’air.
Nos mesures :
-
Réviser les normes de l’Union Européenne en matière de qualité de
l’air pour les aligner,
a minima
, sur les seuils de l’OMS dès 2030.
Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé établit sur des bases
scientifiques, des recommandations concernant les seuils de dangerosité
à ne pas dépasser, ceux-ci ne sont pas repris par les réglementations
européennes.
-
Élargir les polluants pris en compte dans les tests de qualité de
l’air, notamment fixer un seuil sanitaire pour les pesticides, actuellement
non mesurés.
-
Traduire le droit à un environnement sain
dans l’ensemble des directives et réglementations concernées.